Mettez vous face à un grand miroir. Vous étendez vos bras à l’horizontal puis les basculez en oblique, le droit vers le haut, le gauche vers le bas. Pliez votre avant-bras droit vers le haut, et le gauche vers le bas. Ramenez vos bras à l’horizontal, toujours pliés. Vous possédez désormais les fondamentaux du fonctionnement d’un télégraphe de Chappe, que nous avons découvert à St-Marcan, grâce à Eric et Hervé.
Mais avant cela, nous nous sommes retrouvés ce dimanche matin, 17 mars, à 8h30 devant Planet Yam. Le temps est gris, la pluie ne nous embêtera plus de la matinée. La température est douce. En route, vers St-Marcan, en passant par des petites routes fort sympathiques au travers de la campagne du nord de Rennes.
Un avant-goût de montagne
Un paysage de plus en plus vallonné, diverses bourgades traversées, des courbes et un avant-goût – très bref – de la montagne en arrivant à Saint-Germain-sur-Ille, bourg « situé sur une crête rocheuse et formant un promontoire sur la vallée de l’Ille », selon le site wikipedia de la commune. Trois ou quatre véritables lacets pour arriver au centre.
Ensuite nous découvrons des paysages variés au fil de la route, en passant par Guipel, Feins et son étang du Boulet, des vues panoramiques sur de petites vallées au détour d’un virage… Certes, il y a plus direct pour aller du point A au point B, mais quelle balade ! Avec au final, cette vue magnifique sur la baie du Mont-St-Michel avant d’arriver sur Saint Broladre. La vue est nette, malgré le temps gris et les nuages bien noirs à l’horizon.
Un bond dans la communication
Nous posons nos motos sur le parking du télégraphe de Chappe, où nous attend Marion, animatrice de la communauté de communes de Dol-de-Bretagne et de la baie du Mont-St-Michel. La visite guidée peut commencer avec un peu d’histoire. Celle de Claude Chappe qui a inventé ce moyen alors moderne utilisé pour la communication de l’armée révolutionnaire. Le premier réseau voit le jour en 1792, constitué de stations comme celle de St-Marcan. 554 stations seront installées sur les axes Lille-Paris, Strasbourg-Paris, Brest-Paris. Vous l’aurez compris, le réseau converge sur Paris, où se situe l’Etat-Major. Des lignes partiront d’Amsterdam, de Venise…
Des lignes convergeant vers Paris
La ligne Brest-Paris fera 520 km de long, avec des stations à portée de longue-vue les unes des autres – longue-vue importée d’Angleterre et 30-45 fois plus forte qu’une classique. Le télégraphe de St-Marcan est sur un promontoire « connecté » en amont avec celui du Mont-Dol, installé sur la chapelle. Et en aval, avec le télégraphe du Mont-st-Michel, installé sur la flèche de la cathédrale, pendant 60 ans. Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi, je rappelle que la ligne va de Brest vers Paris où se trouvent des télégraphes sur Le Louvre, La Concorde et sur l’église St-Sulpice.
Un système ingénieux de codage
De loin, un télégraphe ressemble à peu près à un moulin, mais avec un seul bras, le régulateur. A chacune de ses extrémités, des segments mobiles, les indicateurs. Le message se lit en fonction du positionnement du régulateur (horizontal ou oblique) et des indicateurs (vers le haut ou le bas). 98 signaux sont possibles en combinant ces différentes positions, dont 18 sont réservés à la communication entre les stationnaires en fonction des besoins de service.
Les signaux vivent en couple : le premier signal correspond à un chiffre qui est le numéro de page du Vocabulaire ; le second donne le numéro de ligne à lire dans la page concernée. Vous l’aurez compris, le Vocabulaire est le recueil des composants d’un message.
Le tout est manipulé par un système de barres et de poulies à l’intérieur du télégraphe. C’est le rôle du stationnaire. Il reçoit le message du télégraphe précédent, et doit le transmettre au télégraphe suivant. Il vérifie entre chaque couple de signaux que son collègue suivant l’a bien reçu et transmis à son tour. Comptez une heure pour un message de 50 signaux.
Le temps, c’est de l’argent
Le télégraphe a permis de gagner un temps précieux dans la communication militaire sur le relais poste. Quatre bons jours gagnés entre Brest et Paris. Mais il coûtait cher à l’Etat. Seule la ligne Bret-Paris restera ouverte car Napoléon avait des vues sur l’Angleterre. Claude Chappe met en place une Loterie Nationale pour financer les télégraphes. Certaines lignes seront remises en service. Jusqu’à la fermeture définitive en 1856. Le morse lui succède, en parallèle de l’envolée de la fée électrique.
Aujourd’hui, la France compte 15 télégraphes réhabilités. St-Marcan est le seul en Bretagne.
Je ne pourrai pas vous raconter la balade du retour sur Rennes. J’avais rendez-vous au Stade Rennais. 2-0 face à Marseille. Ce dimanche a vraiment été une belle journée.
Loïc
-
La communication en Bretagne
Des fouilles archéologiques ont été effectuées sur des sites pré-historiques bretons. Les archéologues n’ont découvert aucune trace de fil, de cables… ils en déduisent que c’est en Bretagne que le wi-fi a été inventé.
La transmission du message débute. Le stationnaire manipule le régulateur et les indicateurs via un système de palans.
Le logement de la longue vue, un en amont, l’autre en aval de la ligne de télégraphes
Bienvenue aux nouveaux motard(e)s
Une belle journée instructive et conviviale, merci à tous.