Avril 2024: En route vers Fort Boyac

Guipry - Part one (Première partie)

Les motards de Yamobreizh visitent un Centre d’Incendie et de Secours

Désormais, je sais dans quel groupe j’irai aux prochaines sorties. Celui de Nathalie et de Sébastien. Etre entouré de pompiers, c’est de la sérénité en plus. Et c’est avec plaisir et grand intérêt que nous avons découvert le fonctionnement d’un Centre d’Incendie et de Secours (CIS) celui de Guipry où ils oeuvrent tous les deux volontaires, comme l’ensemble de l’équipe de 31 personnes. Sébastien étant de plus pompier professionnel à Rennes. Respect total pour cette véritable vocation et cet engagement total pour notre sécurité.

L’appellation CIS de Guipry-Messac est issue de la fusion des deux communes, mais particularité – il en faut toujours une – chaque commune a conservé ses propres structures, avec matériel et équipes.

Nathalie, caporal-chef, et Sébastien, adjudant, avaient minutieusement préparé la réception des motards de Yamobreizh au site de Guipry, et je ne parle pas uniquement des délicieux pains au chocolat et du café. Les véhicules étaient rangés dans la cour, attendant patiemment notre arrivée.

Une mission pour chaque véhicule

Tout à gauche, pour ceux qui ont de la mémoire, se tenait le FPT qui fait plus jeune que ses 25 années. Les véhicules sont précieusement entretenus au centre de secours ou à un centre de maintenance départemental si besoin. Le FPT intervient sur les feux urbains, avec six personnes à bord dont quatre fonctionnent en binômes : le B1 pour l’attaque du feu, le B2 pour l’alimentation du fourgon en eau. « Le B2 est chargé de l’alimentation au moyen d’un ou 2 dévidoirs contenant chacun 200 m de tuyau pour réalimenter la cuve du FPT, en le branchant au poteau le plus proche », explique Nathalie. Un branchement nécessaire, car la cuve se vide en quelques minutes, malgré sa capacité de 3000 litres. Pour les neurones les plus fatigués, il ne s’agit pas d’un poteau électrique ou de clôture, mais ces poteaux rouges, que connaissent bien certaines personnes non sédentaires.

Au milieu, le CCF, destiné aux interventions sur les feux de forêts ou de champs, ce véhicule va être prochainement équipé avec une lance canon à eau sur sa cabine. Nathalie nous fait découvrir une petite particularité : la cabine est munie d’un système d’auto-protection dont le but est l’aspersion d’eau de cette dernière et des 4 pneumatiques, si besoin afin de laisser passer le feu. La tension doit être au maximum malgré tout lorsque on est à l’intérieur de la cabine entouré par un feu.  

Enfin à gauche, le VTU est sans aucun doute le moins spectaculaire, une simple camionnette. Mais il sait se rendre indispensable, c’est le véhicule à tout faire avec tout le matériel qu’il contient : cônes de balisages, pompe à eau, échelle, projecteurs…

Restait à découvrir le VSAV, acronyme de l’ambulance avec laquelle nous jouons depuis tout petit, équipé d’un défibrillateur et testeur de la glycémie aux bouteilles d’oxygène et au matelas à dépression en passant par les bandages et les compresses ..… VSAV remisé dans sa cellule sanitaire, isolé des autres véhicules pour éviter la contamination de ses matériels avec les éventuelles particules liées au incendies. Il est branché en permanence pour assurer la recharge de ses appareils de diagnostique portables, et désinfecté de fond en comble après chaque intervention.

Une vocation de femmes et d’hommes

Derrière ces véhicules se tient toute une équipe de volontaires. « Nous couvrons un vaste secteur ». Les Centres de Secours sont coordonnés par le 18, Centre des traitements des alertes, situé dans la plaine de Baud à Rennes. Et plusieurs d’entre eux peuvent être mobilisés en fonction de l’importance et de la gravité de l’évènement.

Chaque pompier volontaire est équipé d’un bipeur. Avec les technologies modernes, plus de surprise en arrivant au Centre de secours. Il est directement informé du type d’intervention et des engins et matériels à mobiliser ainsi que des spécificités de sa mission.

De son côté, le pompier gère ses disponibilités à partir de son smartphone ou son ordinateur. Ainsi, le responsable du Centre de secours et le CODIS savent qui est disponible en temps réel. Et les besoins sont nombreux. A tel point qu’un minimum de personnes doit être mobilisable 24 h sur 24. Autant dire qu’un pompier volontaire consacre une grande partie de sa vie privée à sa vocation.

Une vie bien remplie

La vie d’un Sapeur Pompier ne se limite pas à intervenir lorsqu’il est mobilisé. C’est aussi une formation et une mise à niveau continues. Tout commence par une formation à l’incendie et au secours à la personne, ce dernier représentant les deux tiers des interventions des centres de secours. Ensuite, le Sapeur Pompier acquiert des compétences spécifiques. Ainsi, Nathalie est conductrice poids lourds et engin pompe, mais aussi spécialiste des feux de forêt. Sébastien est lui aussi spécialiste des feux de forêts, en plus d’être formateur incendie et secours à la personne… pour ce qui est de son statut de pompier volontaire.

« Il est difficile aujourd’hui de recruter des pompiers volontaires, d’autant plus que l’idéal est que les volontaires soient à moins de 7 minutes du CIS », constate Sébastien. « La vie professionnelle n’est pas toujours compatible, mais des entreprises aménagent une souplesse à ces salariés » via des conventions pour la disponibilité ou la formation. Aux interventions et à la formation, il faut aussi ajouter les manœuvres mensuelles. Pas de fainéant chez les pompiers. Chacun des volontaires apporte aussi ses compétences spécifiques, par exemple liées à leur profession. « C’est l’avantage de travailler avec des pompiers volontaires, les profils sont variés », explique Sébastien.

Je veux devenir Sapeur Pompier volontaire

Ne devient pas Sapeur Pompier qui veut, même s’il n’y a plus d’âge limite. La première condition est d'habiter sur une commune disposant du Centre de secours et d'aller les rencontrer au préalable. Ensuite, vous avez deux opportunités pour le devenir. Il existe deux sessions annuelles de recrutement, l’une au premier semestre, l'autre au second. Vous participerez à des épreuves écrites (j’ai bon espoir d’être reçu) et à des tests physiques (mon espoir s’éloigne grandement) lors des Journées d'accueil et de recrutement. Si tout va bien pour vous, vous serez recruter dans le centre de votre commune et commencerez votre formation. Vous en saurez plus en vous rendant sur le site des Sapeur Pompiers d’Ille-et-Vilaine pour les bretilliens (ah ah, vous vous rappeliez de cette récente appellation ??) : https://sapeurs-pompiers35.fr. Vous aurez toutes les informations en détails sur le recrutement et les démarches à effectuer. Nathalie et Sébastien compte sur vous, moi aussi.

Les Sapeurs Pompiers en Ille-et-Vilaine

L’Ille-et-Vilaine compte 83 CIS, en grande majorité avec des volontaires. Seuls dix sont composés de pompiers professionnels et de pompiers volontaires.

Le corps des pompiers se compose aussi d’équipes spécialisées. L’Ille-et- Vilaine en compte une dizaine, de la gestion des risques chimiques à la cynotechnique, en passant par la petite dernière, l’équipe de recherche et d’intervention drones.

Le département compte 3 775 Sapeurs Pompiers, dont 689 professionnels et 3 086 volontaires… au sein desquels on dénombre 255 membres du service de santé : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, psychologues.

Pour les fanas de chiffres, ces femmes et hommes ont effectué 50 338 interventions en 2022, soit une moyenne de 140 interventions par jour. Les interventions à la personne sont majoritaires : 37 757. Les secours routiers représentent 4 423 interventions. Et les incendies 4 474 missions.

Et pour les fanas d’économie, sachez que le tout représente un investissement limité de 80 € par habitant et par an. Un investissement bien modique qui mériterait d’être revu à la hausse pour améliorer les matériels et les casernements. Et qui mériterait surtout le respect de tous. Les collègues de Nathalie et Sébastien qui sont intervenus lors de mon accident en septembre 2023, au-delà de leur compétence, il y avait aussi de la compassion et de la bienveillance. Elles n’ont pas de prix…

 

Rappels des appels :

Appel du 18. Centre de traitement des alertes.

Appel du 112. Numéro européen. Le centre oriente vers le service concerné par la demande de secours.

Appel du 15. Samu

Appel du 17. Police et gendarmerie.

Appel du 114. Réservé aux malentendants, à partir d’une application sur smartphone.

Appel du 115. Intervention auprès des SDF.

De gauche à droite : le FPT, le CCF et le VTU.

Le FPT est équipé de deux dévidoirs avec chacun 200 m de tuyau pour remplir d’eau la cuve de 3 000 litres en cours d’intervention.

Le VTU contient une grande diversité de matériel : cônes de balisages, pompe à eau, échelle, projecteurs…

Ploërmel - Part two (Deuxième partie)

La famille Henneton reçoit les motards de Yamobreizh en son manoir de Boyac

Après la visite matinale des troupes de Yamobreizh au Centre d’Intervention et de Secours à Guipry, Yannick, Michel, Olivier et Sébastien nous ont concocté une visite au Manoir de Boyac, non loin de Ploërmel. Nous sommes passés d’une vocation à une autre. Celle de la famille Henneton pour la restauration d’un manoir.

Le manoir retrouve vie en 1987

Nous avons été accueillis par Jean-Pierre Henneton, qui a mis tout son dévolu avec son épouse, Monique, sur ce manoir en 1987. Un « hostel » dont la première mention date de 1427 avec Jean Thebaud comme maître des lieux. Le domaine de Boyac est évoqué dès le IXè siècle et est cédé aux moines de Redon en 913. Ce ne sont alors que des terres. Je vous rassure, mon érudition se nourrit du site internet https://manoirdeboyac.fr/ que je vous invite à visiter, car bien entendu je n’ai pas tout pris en note ou bien écouté, étant distrait de temps en temps par certains d’entre nous. Pour ceux qui n’aiment pas lire, regardez la vidéo sur la page d’accueil. Elle vous évitera de vous emm… à lire ma prose.

Ce manoir a été remanié au XVIIè siècle. Jean-Pierre Henneton a retrouvé et consulté un inventaire des terres et des bâtiments datant de 1676. Un domaine de 1 000 ha à l’époque, dont il ne reste que quatre hectares aujourd’hui. Un important travail de recherches a été accompli pour refaire vivre à nouveau ce beau manoir dont certaines parties témoignent encore des affres qu’il a vécu au fil des siècles.

Fallait en avoir envie !

En 1985, « il n’y avait pas âme qui vive sur les lieux » se rappelle Jean-Pierre Henneton. Pas d’assainissement, des trous dans la toiture… mais le coup de cœur était là. Les travaux d’Hercule ont alors commencé, avec une volonté de fer : l’intérieur chauffé uniquement par les cheminées existantes pendant dix ans. Une partie de la façade a du être entièrement démontée et remontée du sol à la lucarne. Comme la tour à gauche de l’entrée, pierre par pierre. Certaines ont été refaites à l’identique pour retrouver une tour fière d’allure.

Vous découvrirez sur le site internet du Manoir de Boyac tous les programmes des travaux menés de la première campagne de 1988 à celle de 2022 toujours en cours. Parmi les défis à venir, la réhabilitation d’une pièce au 1er étage de la Tour Est (je ne sais plus laquelle, je n’avais pas ma boussole), la restauration des toitures, la restauration des murs d’enceinte du potager, et le porche « charrettes-piétons ».

C’est pas fini…

C’est par ce dernier que nous devrions accéder à la cour du manoir, mais aujourd’hui, c’est un simple passage au cœur d’un mur. « Le porche a été démonté pour que les tracteurs puissent aller et venir alors que le lieu était devenu une ferme pendant quelques temps », nous explique Jean-Pierre Henneton. 12 tonnes de granit attendent sagement dans un hangar afin de reconstruire le porche. Comme il le précise sur le site internet, « malgré toutes nos recherches, nous n’avons pas réussi à trouver de dessin ou de croquis de ce porche ». L’improvisation sera de mise, mais en s’inspirant des porches existant dans le voisinage.

De l’énergie, du courage…

Certes, ces travaux bénéficient en partie de subventions, mais sans doute que Jean-Pierre Henneton y a englouti beaucoup d’argent. Difficile à le savoir, il n’est pas bavard sur le sujet. Et surtout, il y a consacré son énergie… et celle de leur fils, Emmanuel, à qui il rend hommage sur le site : « Sans son courage, son abnégation et son amour du travail bien fait, ce Manoir n’aurait pas retrouvé une partie de sa splendeur passée ». Personnellement, je suis impressionné par ces personnes qui se consacrent à la restauration d’un patrimoine régional et national. Et dire que je n’arrive même pas à installer des étagères sans faire un trou béant dans le mur…

Loic

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